2. Poussières en suspension (PM10)
Pour les PM10, on remarque avant tout l'absence de cycle annuel : même si les concentrations sont systématiquement importantes en hiver, des niveaux élevés peuvent être enregistrés à tout moment de l'année, et ce dans les deux vallées.
Depuis le début des mesures, c'est à Chamonix que les valeurs moyennes sont systématiquement plus fortes, mais comme à St-Jean, on observe une quasi stagnation des niveaux depuis 1998, avec des moyennes annuelles toujours en-dessous de l'objectif de qualité, sans lien apparent avec les évolutions du trafic routier connues dans les deux vallées.
Comme pour le SO2, ce sont les pics transitoires qui menacent le respect de la réglementation, avec chaque année, toujours de nombreuses valeurs au-dessus du seuil de la valeur limite journalière, auquel le trafic routier peut probablement contribuer en association avec d’autres sources (industrielles en Maurienne et domestiques à Chamonix).
C'est justement la contribution industrielle, indubitablement tracée par des pics concomitants de SO2, qui induit des concentrations parfois plus marquées en Maurienne. Par contre, à Chamonix, les concentrations élevées reviennent plus fréquemment, sans toutefois atteindre les 35 jours de dépassements (comme le tolère la réglementation).
Le graphe ci-dessus démontre très bien que les concentrations de PM10 s'élèvent lorsque les températures sont basses (inférieures à 0°C), mais aussi pour les gammes de températures les plus élevées enregistrées dans les zones d'études (au-delà de 20°C). Elles connaissent en revanche des minima aux températures "intermédiaires" (5 à 15 °C en moyenne).
Les fortes teneurs enregistrées lors des basses températures, donc en période hivernale, sont logiquement associées à deux causes bien connues : les émissions supplémentaires attribuables aux besoins en chauffage (domestique et tertiaire) et aux démarrages à froid des véhicules particuliers d'une part, et les phénomènes d'inversion thermique plus fréquents et plus durables en cette saison d'autre part.
Pour les "fortes teneurs" enregistrées en été ou en tous cas par températures élevées, la production d'aérosols secondaires paraît être une hypothèse sérieuse, qui sera discutée par les autres équipes de POVA (cf travaux du LGGE sur la chimie des particules).
Notons tout de même que c'est à Chamonix que ce constat est le plus significatif, là où la survenue d'épisodes de foehn est plus accusée qu'en Maurienne. Le graphe suivant montre en effet que des concentrations élevées peuvent être également coïncidentes avec des vents soutenus. Or, on sait que le foehn, outre des courants "violents", génèrent également une hausse importante de la température, et ce, en quelques heures seulement.
Effectivement, on voit que si les vents faibles occasionnent logiquement une accumulation des particules, on constate également des concentrations relativement importantes de PM10 lors de vents soutenus, notamment à Chamonix. Par conséquent, associées à la fois aux hautes températures et aux vents forts, les teneurs élevées en PM10 peuvent être régulièrement corrélées aux épisodes de foehn. Dans ce cas, les PM10 mesurées s'expliquent à la fois par de potentiels apports exogènes aux vallées, mais également par la remise en suspension de particules jusqu'alors déposées sur le sol.