1. Sur les évolutions d'oxydes d'azote
Situées à proximité immédiate (dans la vallée de Chamonix) ou au voisinage (dans la vallée de la Maurienne), les cabines mobiles des Bossons et de St-Julien-Montdenis sont directement soumises aux rejets automobiles. Même si en Maurienne, l'influence industrielle est sensible, le trafic routier constitue donc la source majoritaire de polluants, et toute variation de son volume est susceptible d'être décelée par les évolutions d'un polluant tel que le dioxyde d'azote.
C'est exactement ce que l'on constate sur le graphe suivant, montrant l'évolution des moyennes mensuelles : les deux sites évoluent dans un sens inverse, en lien apparent avec le rééquilibrage des flux de PL. Il est d'ailleurs important de noter, que depuis 2004, pour la première fois, un objectif de qualité en NO2 n'est pas respecté dans les vallées, en l'occurrence aux Bossons en bordure de la RN205. Cette tendance s'est amplifiée en 2005, probablement sous l'influence du report de trafic circulant auparavant en Maurienne.
Mais peut-on véritablement imputer cette évolution des 3-4 dernières années, et notamment l'augmentation en vallée de Chamonix, au retour des camions PL dans le tunnel du Mont-Blanc ?
Il faut pour cela regarder de plus près ce qui s'est passé en regard des trois configurations de circulation connue depuis 2002 dans la vallée de Chamonix :
Les graphes suivants montrent le déroulement d'une journée moyenne pour chacune de ces trois phases.
Sur les deux sites de mesure, on constate avant tout que la situation "après alternat" induit les plus fortes concentrations de NO2, particulièrement aux Bossons où les valeurs sont supérieures d'environ 70% à ce qu'elles étaient avant la réouverture du tunnel et de 50% durant l'alternat. A Chamonix, on ne note pas de contraste significatif entre les phases "avant" et "pendant alternat", mais les niveaux, jusqu'alors comparables à ceux des Bossons, sont désormais bien inférieurs, surtout en première partie de journée.
Les variations au cours de la journée sont identiques dans les trois configurations de circulation, avec un double pic quotidien en matinée (entre 8h et 11h) et en fin d'après-midi (entre 18h et 20h). Le pic du matin est le plus significatif aux Bossons, quand la pointe de trafic se conjugue à la phase de plus forte stabilité atmosphérique. Sur ce même site, la phase "alternat" se distingue par une oscillation toutes les deux heures, matérialisant la pollution plus importante produite par les PL circulant en montée.
L'examen des profils journaliers du NO confirme que ce composé, très bon traceur de la pollution automobile, permet d'expliquer en grande partie les différences évoquées pour le NO2 :
L'ensemble des situations induit toujours plus de NO aux Bossons qu'à Chamonix, et selon un cycle journalier totalement identique à celui du NO2.
Aux Bossons, durant la période de l'alternat, la contribution des poids lourds se rendant en Italie est particulièrement évidente, avec cette évolution en "dents de scie" caractéristique.
Depuis le 1er mars 2003, l'ensemble des véhicules peut circuler librement sous le tunnel du Mont-Blanc. La question se pose de savoir qu'elle est l'influence des différentes catégories de véhicules empruntant cet ouvrage, notamment les véhicules "poids lourds" (PL), sur la pollution de la vallée de Chamonix. L'examen des profils hebdomadaires durant les 3 phases de réouverture du tunnel permet d'apporter des éclairages intéressants :
Données VL : DDE 74 - Données PL : GEIE-TMB |
Avant l'alternat, les niveaux de NO2 sur les deux sites sont assez proches, et évoluent selon un rythme équivalent à celui de la fréquentation en VL de la Route Blanche : ils sont globalement "constants" du lundi au jeudi, avec une légère augmentation en fin de semaine, avant de diminuer le dimanche.
Pendant la phase "alternat", avec l'augmentation nette des concentrations de NO, les teneurs en NO2 aux Bossons deviennent supérieures à celles de Chamonix restées équivalentes, mais les évolutions au cours de la semaine restent identiques à celles connues durant les mois précédents. Le nombre de PL empruntant alors le tunnel du Mont-Blanc est de l'ordre de 630 véhicules en pointe journalière.
La situation "après alternat" (juin 2003 - mars 2004), traduit une toute autre configuration. Sous l'influence d'une hausse importante du NO aux abords de la Route Blanche, l'écart se creuse nettement entre le NO2 aux Bossons et à Chamonix. Si les évolutions au centre de Chamonix semblent toujours guidées par le rythme des VL (celui d'une ville touristique fréquentée le week-end), en revanche celles aux Bossons adoptent le cycle très net des PL : avec un maximum le mercredi, au moment où en moyenne plus de 1200 véhicules circulent, et un minimum le week-end, quand le nombre de PL est au plus bas (une centaine environ), mais le nombre de VL à son maximum.
Dans la vallée de la Maurienne, la comparaison des cycles hebdomadaires nous amène à conclure de la même manière que le trafic routier, et plus encore le trafic PL, gouvernent les concentrations de NO2 : on voit nettement que, chaque année, c'est en fin de semaine que les teneurs sont les plus basses. On voit aussi nettement que la qualité de l'air n'a cessé de s'améliorer au fur et à mesure que le nombre de PL diminuait, et de manière tout à fait coordonnée à la diminution de ce flux.
Par conséquent, au voisinage des axes de transit, en Maurienne, comme à Chamonix, la présence de dioxyde d'azote est directement reliée au nombre de poids lourds. En centre-ville, par contre, leur influence diminue au profit d'autres sources devenant prédominantes.