3. Pourquoi les PM10 ne réagissent pas aussi bien que le NO2 aux variations du trafic routier ?
Ce fait peut s'expliquer de différentes manières.
Tout d'abord, l'origine des poussières en suspension est beaucoup plus large que celle des oxydes d'azote : le chauffage, les transports routiers, l'industrie, les poussières terrigènes (produites par l'érosion naturelle, les travaux de chantier, …), la remise en suspension par le vent de particules déposées sur le sol, … Parmi toutes ces sources, il n'est pas toujours aisé d'en pointer une plus qu'une autre, chacune contribuant partiellement aux concentrations totales. De plus, les mécanismes complexes de la chimie multiphasique interviennent également pour permettre la transformation des gaz en particules, ce qui en fait un composé complexe à "cerner".
Ensuite, les concentrations de poussières en suspension sont évaluées, nous l'avons dit en introduction, par la méthode de mesure des "PM10" qui consiste à peser toutes les particules de diamètre inférieur à 10 micromètres. Or, la majorité des émissions routières est le fait des véhicules diesel et les particules produites par ce type de motorisation sont très petites, car d'un diamètre souvent inférieur à 1 micromètre (c'est encore plus vrai pour les nouvelles générations de moteur à injection directe). Par conséquent la mesure des PM10 est un bon indicateur, mais elle intègre forcément pour une large part les particules plus grossières qui par leur masse plus importante minore la part des PM1, plus petites donc plus "légères" : autrement dit, il faut beaucoup de particules de 1 micromètre (approximativement 700 d'après la littérature scientifique) pour peser aussi lourd qu'une seule particule de 9 micromètres. Ces particules de diamètre supérieur sont par ailleurs émises en grande quantité par le chauffage (notamment au bois), une source de polluants vraisemblablement importante dans la vallée de Chamonix, mais aussi beaucoup par l’industrie présente en Maurienne.
Par conséquent, les particules en suspension issues du trafic routier, et notamment des véhicules diesel, ne constituent qu'une contribution à l'ensemble de toutes les particules mesurées : une autre source, prédominante, peut probablement en masquer les variations et les influences.